Présentation de
l'éditeur: Entre 1978 et 1990 a sévi en URSS l'un des plus effroyables serial killers du XXe siècle, torturant, mutilant et assassinant plusieurs
dizaines d'enfants, de jeunes et de femmes. A son procès, en 1992, l'homme, Andreï Romanovitch Tchikatilo, a reconnu 53 meurtres sexuels; condamné à mort, il a été exécuté en
1994.
Comment devient-on un tueur en série? Quels éléments survenus dans le passé de Tchikatilo peuvent contribuer à expliquer sa folie meurtrière? Comment a-t-il pu
échapper aussi longtemps à toute arrestation? A-t-il bénéficié de protections au sein du KGB?
Dans ce passionnant livre d'investigation, Iryna Piliptchuk reconstitue les enquêtes successives ayant conduit à remonter la piste du tueur. surtout, elle met en
évidence ce qui restera comme l'un des plus spectaculaires et des plus scandaleuses faillites d'un système policier moderne.
Mon avis: A la lecture de ce livre, le truc qui me revient en tête le plus souvent c'est "Putain, l'histoire de fou!"
Oui, c'est clair, que c'est une histoire de fou...
Iryna Piliptchuk nous retrace donc toute la "carrière" de Tchikatilo dans ce document de manière claire et assez précise. Elle ne s'attarde pas sur son enfance ou sa jeunesse.
Car même si sa jeunesse fût traumatisante, (naissance peu de temps avant la seconde guerre mondiale, mère violée par un soldat allemand, frère mangé par des ados crevant de faim, humiliation à
l'école, famine, pauvreté, ) elle ne cherche pas vraiment les explications ici.
Non, non. Elle veut plutôt démontrer que si la milice (oui, à cette époque en URSS il n'y a pas de police, mais la milice) avait fait son boulot correctement, l'épopée criminelle d'Andreï
Tchikatilo aurait été bien plus courte.
Car lors de son premier meurtre en 1978, il se fait arrêter et interroger. Il dément naturellement avoir commis le meurtre de cette petite fille de 9 ans.
Bien vite, quand la milice apprend qu'il est partisan du parti communisme et donc du KGB, ils cessent l'interrogatoire de Tchikatilo, le relâche et le laisse tranquille. Allant même du coup,
jusqu'à inculper un innocent et inventer des témoignages...
Pareil pour son travail. Il sera professeur dans deux collèges différents. Deux collèges où il fera des attouchements sur des élèves. Alors plutôt que de porter plainte, les directeurs préfèrent
qu'il s'en aille de lui-même et ne rien dire à personne pour ne pas ternir l'image de l'établissement.
Tchikatilo se sent alors puissant. Forcément...
Et comme depuis sa plus tendre enfance il est persuadé que le parti communiste va un jour regner sur le monde, cela ne va rien arranger aux choses.
Il lui faudra 3 ans entre son premier et son deuxième meurtre. Puis en une
même année, il tuera 6 personnes. 3 petites filles de 7,8 et 10 ans. 1 garçon de 7 ans. Et deux adolescentes de 16 et 19 ans.
Et au total 21 garçons. 14 jeunes filles et 18 femmes...
Comme encore une fois il passe entre les mailles du filet, sa course macabre continue et enfle de mois en mois. Plus rien ne l'arrête. Il tue même une mère et sa fille.
La milice est à cran, mais en URSS il n'y a pas de Serial Killer. C'est le genre de chose réservé aux pays occidentaux...
L'auteure nous donne tout un tas d'informations sur l'état politique du pays. La non-communication dans les médias de cette affaire. Le silence fait autour de ses crimes.
La nonchalance de la milice, leur je-m'en-foutisme. Leur non-connaissance des serial killers. Le laxisme qui engendre un fort taux de criminalité.
L'état déplorable dans lequel était les établissement pour handicapés mentaux. Sans hygiène, laissés seuls à déambuler.
Sur la fin de cavale de Thikatilo, l'état parlait d'interdire les films ou les livres parlant de criminels...
On voit bien ici leur impuissance totale sur l'affaire.
Mais Iryna nous parle aussi de l'état d'esprit d'Andreï
Tchikatilo.
Son homosexualité latente très mal vécue. Quand il tuait un homme, il lui coupait toujours le sexe et parfois le mâchait.
Sur ses 12 années de meurtres il ne ratera qu'une fois son coup.
Alors qu'il est droitier dans la vie de tous les jours, il frappe et découpe sa viande (et les gens) toujours la main gauche.
Il était excité par la résistance de ses victimes, par leurs cris, leur peur et leur souffrance.
Pour trouver ses victimes, il s’habillait toujours bien. Toujours propre sur lui, avec petite lunette, cartable. C'était un homme ouvert, cultivé et très prudent qui inspirait confiance.
Et le plus effrayant est sûrement le fait qu'il était marié et avait 2 enfants...
C'était un homme très doux et attentionné avec son entourage et les gens qu'il aimait.
Iryna ne cherche pas à trouver des excuses aux actes de Tchikatilo. Elle tente juste de les expliquer. Le tout est rédigé de façon simple et assez cru, sans fioritures, ce qui rend la lecture
parfois un peu... violente. Elle expose les meurtres sans omettre aucuns détails.
Et elle apporte quelques clés pour tenter de comprendre sa relation avec la politique de l'époque et le KGB.
Un récit totalement fou qui fait froid dans le dos!
Un ouvrage qui m'a beaucoup plu et qui risque de plaire aux amateurs du genre!
On en apprend beaucoup tout du long! Un livre à avoir dans sa bibliothèque! :)