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5 juillet 2013 5 05 /07 /juillet /2013 10:56
Polarama - David Gordon

«Tout a commencé le matin où, affublé d'une robe de ma défunte mère, en compagnie d'une collégienne de quinze ans qui était par ailleurs mon associée, j'ai reçu une lettre d'un pénitencier et découvert qu'un tueur en série condamné à mort était mon plus grand fan.»
Le tueur en série, c'est Dorian Clay, reconnu coupable du meurtre de quatre femmes qu'il a dépecées et arrangées en installations "artistiques" avant de les prendre en photo, mais dont on n'a jamais retrouvé les têtes. L'auteur dont Clay appréciait particulièrement la chronique érotiques dans "chaud lapin", c'est Harry Bloch, écrivain aux ambitions contrariés, père d'une flopée de romans de science-fiction et de sagas sur les vampires publiés sous divers noms d'emprunt.
A quatre-vingts jours de son exécutions, Clay propose un marché à Bloc: rencontrer les filles avec qui il a établi une correspondance torride en prison pour écrire des scénarios érotiques le mettant en scène avec elles, en échange de quoi, Clay s'engage à faire des révélations sur des points non élucidés des enquêtes le concernant. Bloch, qui n'a jamais su faire les bons choix de carrière, décide d'accepter...


J'avoue que j'ai tout de suite craqué sur ce livre. Dès les premiers mots de la quatrième de couverture. J'ai senti qu'il y avait dedans un putain de potentiel. Juste avant de débuter la lecture j'ai un peu flippé à l'idée d'être déçu. J'ai ouvert, commencé, entamé, et.. la magie a pris directement. Je ne m'attendais pas à ça, pas vraiment, mais le principal c'est d'aimer. Je m'explique:

Le roman est écrit à la première personne, c'est Harry bloch qui raconte sa vie. Son oeuvre, les merdes qui lui arrivent. Il nous raconte ça justement à travers le livre qu'il écrit. (Véritable fausse histoire vraie) Le ton est assez léger et on se marre dès le début. Harry nous raconte sa misérable vie sur une bonne cinquantaine de pages. Les chapitres sont courts et tout va très vite. Ses déboires amoureux, sa vie d'écrivain raté, sa relation avec sa mère. Bref, il ne brille pas par sa vie sociale et fait rire bien malgré lui.
Les personnages sont tous superbes et plus loufoques les uns que les autres. Ils vont êtres entrainés par Harry dans une histoire qui bien vite va les dépasser.
Claire Nash, cette ado de 15 ans, gosse de riches qui n'hésite pas une seconde à contacter les plus gros avocats de New York pour aider Harry. Dani, cette Strip-teaseuse, soeur jumelle d'une des victimes de Clay qui va se rapprocher de plus en plus d'Harry, Townes, cet agent du FBI qui a arrêté Clay 10 auparavant et qui voit d'un mauvais oeil la rencontre entre Block et le tueur. Flosky et Theresa, deux avocates qui tentent d'obtenir la réouverture du procès de Clay. Ou encore, bien sûr, Dorian Clay, ce grand méchant Serial Killer qui semble si gentil, presque vulnérable. Plus les pages passent et plus on l'apprécie. A la suite d'un retournement de situation (je ne vous dis pas quoi), le doute va d'ailleurs s’installer. Et si, Clay était innocent? Manipulation? Harry s'enfonce encore et toujours!
Le ton devient d'ailleurs un peu moins drôle, le tableau s’assombrit, mais le livre ne perd pas en qualité.
Le roman est entre-coupé de petits chapitres extraits des livres qu'écrit Harry Bloch sous d'autre nom. Vous pourrez donc découvrir ses textes sur des robots esclaves sexuels, un détective privé ou encore les amourettes d'une jeune vampire un peu candide.
L'écriture est bonne et les phrases font mouche! On se marre et on frissonne en même temps! On tourne les pages encore et encore pour connaître la suite. A la fois grave et drôle. Entre descriptions de scènes d'horreur, confidence sur l'oreiller et scènes cocasses.
Mais David Gordon ne s'arrête pas là! Non! Entre les lignes (parfois même très lisiblement hein!) il nous parle de son amour pour la littérature policière. Les "vrais" romans policier. Ses auteurs fetish, comme Dashiell Hammett ou Edgar Allan Poe. Il parle aussi du rapport entre l'écrivain et le lecteur, nous offre sa vision des choses. Il dénonce aussi d'une certaine façon, la fascination morbide qu'exerce les serial killer aux USA. Ces tueurs devenus des mega stars.

La fin arrive et reste dans la ligné du livre, elle ne déçoit pas, bien qu'elle soit assez triste à mon goût. Elle annonce peut-être (PEUT-ÊTRE!!) une suite...??
En tout cas, si suite il y a, preneur je suis!!

En bref, "Polarama" est un polar incontestablement hors norme. Entre pornographie, viscères, humour, amourette et écrivain raté. En un mot: GÉNIAL !!
Foncez, vous allez vous régaler !!!

«Pour tout vous dire, je préfère le suspense à l'ancienne, avec un assassin qui meurt à la dernière page, sans détails à l'eau de rose sur la vie privée du héros. Quand un détective apprend qu'il a une tumeur, ou que des terroristes ont enlevé sa femme, je me dis que la série est sur le déclin, ou que l'auteur est au bord du gouffre. Arrêtez de nous emmerder avec vos problèmes personnels. Faites votre boulot, un point c'est tout.»
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David Gordon - Polarama - Éditions Actes Sud - 405 pages - 05/06/13

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commentaires

G
tu me donnes très envie de lire ce bouquin ! merci
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